📝Episode n°3 : "On te demandera toujours d'être premier, jamais d'être heureux" (Orelsan)
Notes de l'épisode
Durée de l'épisode - 14 min.
Disponible sur toutes les plateformes d'écoute - écouter le podcast "Punchline" !
Introduction au podcast
Salut à vous, bienvenue dans Punchline !
J’aurais pu appeler ce podcast “slogans”, “citations”, "accroches”, “signature”, "body copy", "tagline" ou encore "baseline" même ! - mais entre mon amour du sport et de l'anglais, j'ai trouvé que le mot PUNCHLINE m'allait bien - alors je l'ai choisi !
Ce que j'aimerais vous transmettre dans ce podcast c'est mon amour des mots, mais aussi mon rejet des cases dans lesquelles ont enferme les gens et les idées.
Par exemple, je suis passionnée par la plume extraordinaire de Rainer Maria Rilke ou de Stefan Zweig depuis toujours, mais ça ne m’a pas empêché d’écrire un article sur les paroles de chansons d’Aya Nakamura.
Aya Nakamura : précurseur ou tueuse du copywriting ?
Oui je trouve son concept de wording intéressant. C'est à la fois le reflet d'une culture et d'un style qui joue avec les mots et les invente même !
C'est une démarche ultra clivante, qui - quand j'ai publié mon article a suscité beaucoup d’excitation positive mais aussi tellement d'agressivité allant jusqu’à des propos carrément racistes ou haineux !! Franchement les gens : des propos haineux pour une histoire de blah blah blah de la Pookie ?!
Ce podcast PUNCHLINE a donc cette ambition nécessaire de vous donner le goût des mots, des paroles de chansons, de citations, de slogans...qui ont traversé l’histoire ou qui ont été créés juste là, à notre époque, devant nos oreilles.
Parce que les mots sont magiques.
Parce qu'ils nous ouvrent l'esprit et le coeur.
Parce que notre monde est bourré d’images, de visuels, de formes, de séquences et nous noient souvent au point de nous priver du pouvoir des mots.
D’ailleurs une image ne vaut pas forcément 1000 mots, je ne suis pas d’accord.
Dans ce cas, 1 video vaudrait 1000 images, non ?! Techniquement peut être, mais en réalité cela n’a rien à voir.
Ce sont des canaux d’expression différents qui agissent sur nous différemment aussi.
Je pense que cela ne sert à rien de créer des équivalences ou d’essayer d’en remplacer un par l’autre.
Faisons les CO-EXISTER et ne nous privons pas de ce que les PUNCHLINES du monde, peu importe leur époque, peuvent nous apporter.
Si vous êtes ici, c’est que vous en avez déjà le goût, mais j’espère encore vous surprendre ! Episode après épisode.
D'ailleurs, pour redonner de la place et de la puissance aux mots, chacune de vos voix compte : je vous serai infiniment reconnaissante de mettre une note de 5* et mieux encore, une note ET un commentaire sur iTunes en cherchant tout simplement "PUNCHLINE" et en cliquant sur la vignette où vous me voyez en noir et blanc, parlant dans mon superbe micro ! Merci pour votre écoute et votre curiosité !
N'ayez pas peur de vos mots, je les attends !
Présentation de l'auteur
Je m’appelle Marie, j’ai 35 ans et j’ai eu plusieurs vies !
De formation scientifique, j’ai enchaîné un MBA en marketing international au Canada, passé 18 mois dans l’armée de l’air, créé un blog multisports en me formant de façon complètement autodidacte au digital, travaillé 6 ans en entreprise à des postes de comm digitale et choisi de devenir freelance en copywriting il y a 1 an.
Être freelance c’est prendre le risque effrayant et merveilleux de tout créer.
Son métier, son rythme, ses journées, son mode de vie, son offre, sa manière de travailler, son éthique professionnelle…
Quitte à créer, j’ai décidé de proposer aux marques un accompagnement autour de leurs valeurs pour créer une charte éditoriale qui leur ressemble, les différencie et finalement, d’écrire pour elles.
Pas d’écriture sans charte éditoriale claire et réfléchie (vous imagineriez vous, une marque forte sans charte graphique ?!) - les mots ont trop d’importance pour être utilisés sans direction ni sens.
Mais pas de charte éditoriale sans travail autour de la marque.
Voilà pour mon métier. C’est passionnant parce que profondément utile.
Ah oui, et j’oubliais, je m’inspire énormément de Socrate et de sa maïeutique ! Mon programme "Bend It Like Socrate" en porte d’ailleurs le nom. Un épisode lui sera forcément dédié tôt ou tard, ce ne sont pas les punchlines de Socrate qui manquent.
Mais pour l’heure, place à ORELSAN (je vous avais dit que les mots n’avaient pas de frontière !) - le tour de Socrate viendra en temps voulu.
“ON TE DIRA d’ÊTRE PREMIER, JAMAIS d’ÊTRE HEUREUX” : on en parle ?!
Partie 1 : "notes pour trop tard"
“Notes pour trop tard”
C’est le titre de la chanson d’ORELSAN dont cette punchline est extraite.
Je suis sûre et certaine qu’elle résonne fort en vous.
Combien de gens souffrent de ne pas arriver à suivre leurs tripes ?
Leur vrai projet de vie ? Celui qui les appelle “deep inside” comme diraient les anglo saxons.
L’épisode tellement singulier du confinement a fait exploser les prises de conscience.
Tout à coup les gens se sont mis à passer du temps avec leurs enfants ! Leur femme, leur mari...ou au contraire à se sentir beaucoup trop seuls - à questionner leurs choix de vie, le sens de leur travail dans tout ce marasme….
Nous sommes nombreux à avoir réalisé que le système dans lequel nous évoluons pousse sans arrêt au PLUS.
PLUS, PLUS, PLUS.
Plus d’argent, plus d’espace, une plus grosse maison, une plus grosse voiture ou...plus de maisons, plus de voitures !!
Cette surenchère du toujours plus est ce qui pousse notre planète à bout. A force de produire plus pour consommer plus, déjà personne n’en sort PLUS heureux (à la limite c’est plutôt le contraire, mais notre hôte : la belle Planète Bleue, s’épuise.
Il ne s’agit pas d’une réflexion cérébrale et philosophique là. Il ne s’agit pas de penser l’avenir.
Il s’agit d’une urgence : ici, maintenant.
On parle beaucoup de “changement de prisme”, “de paradigme” ou encore “de mindset”.
Les coachings fleurissent dans tous les sens pour accompagner les gens vers ce changement. Ok, on peut critiquer le volume de coach et parfois, souvent même : leur incompétence. Mais il y en a des bons, des très bons même et cette notion de changement de mindset, derrière un anglicisme un peu galvaudé, a un vrai poids, un vrai sens.
C’est ce changement, en vous, chez vous, dans vos vie, qui finira par changer la société.
Si on attend que le monde change pour nous, nous n’y arriverons jamais ! Le monde ; c’est nous.
Partie 2 : miser sur votre environnement
Le livre “Atomic Habits” (ou habitudes atomiques, de ouf) de James Clear, véritable best seller aux US peut ressembler à un énième livre de ” développement personnel”, que j’ai commandé avec une certaine retenue.
Les recettes miracles adressées à tous comme si nous fonctionnions tous de la même manière, perdent de plus en plus en crédibilité.
C’est d’ailleurs l’objet du livre “développement IM-personnel” de Julia de Funès, docteur en philosophie, qui critique (selon moi à juste titre) la vacuité de tout ce marché du "dev perso" aseptisé.
Ses détracteurs et leur niveau d’argumentation sont d’ailleurs malheureusement symptomatiques de ce monde du coaching truffé d’imposteurs.
Revenons à James Clear et son livre, finalement pertinent et utile, je trouve.
Pour la plupart des individus, aussi bien à titre pro qu’à titre perso.
Le pouvoir des routines
D’une, parce qu’il nous démontre que la routine ou plutôt LES routineS que nous mettons en place dans nos vies font l’inverse de ce que la plupart d’entre nous pensons.
Elles ne nous enferment pas, elles nous libèrent.
Plus ce qui est important pour nous est intégré dans des routines, plus notre esprit gagne en liberté pour aller où il veut, créer, vivre - le reste du temps.
Non on ne s’éloigne pas de la punchline d’Orelsan, je vous promets !
La motivation n'est pas ce qui compte le plus
2ème impact du livre de James Clear : l’environnement dans lequel nous vivons aurait plus d’impact encore que notre motivation !
En très gros : plutôt que de lutter à résister contre nos mauvaises habitudes, il vaudrait bien mieux identifier ce qui les enclenche et l’éloigner de nous.
Exemple complètement bateau pour illustrer l’idée : si vous en avez marre d’enfiler des plaquettes de chocolat sans arriver à vous restreindre : arrêtez d’acheter des plaquettes de chocolat !
C’est aussi valable dans le sens inverse.
Si vous n’arrivez pas à vous MOTIVER à faire du sport, laissez en évidence un tapis de yoga et pourquoi pas des accessoires fitness chez vous et préparez une séance sur Youtube par exemple, puis affichez là sur votre ordinateur ou votre tablette à proximité. Vous pouvez même, si vous en avez un, laisser un vélo dans votre entrée pour garder en évidence et sous le nez, tout ce qui pourrait vous inciter à passer à l’action.
Il existe d’autres méthodes que James Clear détaille bien sûr beaucoup plus dans son livre.
Mais le but final est de nous montrer que malgré tous les automatismes qui régissent notre vie : nous avons le pouvoir de les CHANGER !
Prendre conscience de nos automatismes, en accentuant ceux qui nous rendent heureux et en écartant tous les déclencheurs des habitudes qui nous déçoivent de nous mêmes et nous maintiennent dans des cercles vicieux, est POSSIBLE.
La sobriété heureuse
Le must dans tout ça, et cela nous fait revenir à ORELSAN, est d’être heureux presque secrètement.
Je m’explique : le monde entier ne verra pas vos changements d’habitudes et je dirais même que la plupart des gens ne verront RIEN !
Quand j’ai appris que j’avais une endométriose, maladie gynécologique féminine “pas grave” dans le sens où la vie n’est pas en jeu, mais potentiellement destructrice par les douleurs chroniques et parfois l’infertilité qu’elle provoque, j’ai eu un choc. Forcément.
Et puis, de fil en aiguille, j’ai opéré des petits puis des gros changements dans ma vie.
Professionnels, alimentaires, sportifs, relationnels…
Une maladie est une crise et les crises sont des opportunités de se renouveler.
Mais la plupart des changements que j’ai entrepris sont totalement invisibles aux yeux du monde.
il n’y a que moi qui le sais, il n’y a que moi qui le sens ! Et ça me va bien.
Je crois que dans le fond, j’ai renoncé à vouloir être la première, je cherche maintenant à être heureuse. Ça brille moins à l'extérieur mais ça change tout à l'intérieur.
Partie 3 : le sport du "monde d'après" et la remise en question du "corps machine"
Finissons par un sujet d’actualité que m’inspire ORELSAN et sa punchline : le sport.
Le sport est un de mes domaines de prédilection. C’est une école de vie, un lieu de quêtes et de conquêtes; un grand laboratoire de tests. On y découvre ses limites, ses forces, ses travers, son attitude face à l’adversité qui d'ailleurs, n’est pas toujours chez l’adversaire...
Punchline de Coubertin
Mais le sport a aussi pris une claque pandémique jusqu’à voir sa mission chamboulée et sa composante “performance” parfois profondément remise en question.
L'agence Codezero, agence marketing spécialisée dans l'innovation et le sport publie des newsletters intéressantes. La dernière propose un titre qui ne peut pas laisser indifférent les esprits vifs.
Le titre : "une réponse à l'injonction contradictoire du Baron de Coubertin".
Hein, quoi ?
En 1908, le Baron de Coubertin prononce une phrase désormais célèbre :
« L’important dans ces Olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part ".
Vous savez, en plus court, ça donne "l'important c'est de participer". Le genre de phrases qui moi en tous cas m'exaspère !
Participer c'est bien mais gagner c'est mieux non ?
Certains diront que j'ai un fort esprit de compétition. Peut être, mais pas forcément celui auquel on pense de prime abord. Je n'ai pas envie d'écrabouiller mes adversaires. J'ai envie de donner le maximum pour être fière de moi, de m'être dépassée.
La face obscure de l'élitisme sportif
Bref, que nous dit cette newsletter pourtant écrite par l'agence en 2014 mais encore plus à propos en 2020, en plein déconfinement ?
Elle nous parle du culte de l'excellence du sport, de la "face obscure de l'élitisme sportif" même et du "corps machine". Pour avoir approché des athlètes de haut niveau de plus près ces dernières années, j'aurais beaucoup de choses à dire sur les dessous de leurs vies dont on ne voit que les médailles quand il y en a. Des vies dures, remplies de sacrifices, parfois de précarité, même si bien sûr il n'y a pas que ça.
Mais c'est surtout l'expression "corps machine" qui m'intrigue. J'ai souvent pris la parole sur ce sujet. Les marques qui parlent constamment de "dépasser ses limites" aujourd'hui m'inspire le rejet. Si on les dépasse, ce ne sont plus des limites. Nos limites ne sont pas des tares, elles sont la marque de notre condition humaine. On peut et même on doit les apprivoiser, les connaître, parfois peut être les repousser. Mais si on les dépasse à tout bout de champs alors c'est que ça n'était pas de vraies limites.
Pareil, je ne comprends pas ces personnes qui parlent de leur corps comme d'une machine.
A quel moment le corps est une chose ?
Un espace distinct de soi ? Notre corps n'est non seulement pas une machine, sinon cela veut dire que nous serions des machines nous aussi puisque nous sommes notre corps (et non merci, je n'ai pas envie d'être une femme machine!) - mais il est intimement lié à notre esprit, à notre âme même. Tout ça forme un tout. Si on attaque l'un, on attaque l'ensemble.
Alors que dénonce Codezéro ?
L'amalgame entre compétition et émulation, énoncé par Albert Jacquard biologiste, généticien et essayiste français bien connu, décédé en 2013.
Et oui, vous voyez que de choisir les bons mots permet de penser avec beaucoup plus de justesse et d'éviter de tout mélanger.
Quelle différence donc ? je cite :
« La compétition, c’est « je ». Je cours contre vous, vous courez plus vite que moi. Cela me désole. Comme je veux arriver premier, j’en prends tous les moyens, y compris la tricherie. C’est cela, la compétition. C’est vouloir l’emporter sur l’autre, ce que fait presque sans y penser la société d’aujourd’hui.
L’émulation, c’est je cours avec vous, vous arrivez plus vite que moi et loin d’en être désolé, j’en suis tout heureux car vous avez des leçons à me donner sur ma façon de courir. L’émulation, c’est être content d’être dépassé par l’autre dans l’espoir qu’il vous ouvre des possibilités nouvelles. C’est l’exact opposé de la compétition."
Finalement, Codezéro s'interroge avec nous sur cette mutation du sport à une époque où plus que jamais la dureté de la croissance, de la compétition et de l'élitisme à tout prix ne seraient peut être plus les voies les plus favorables à l'humain et à son environnement.
OUTRO
Alors, je m’adresse à vous.
Est ce que votre système de vie vous pousse aujourd'hui à être premiers ou vous pousse à être heureux ?
ORELSAN dit même que les premiers sont :
"Ceux qui ont besoin d’une note, qui n’ont pas confiance en eux”
Il parle surtout aux jeunes et les pousse à se libérer :
“T’es au moment de ta vie où tu peux devenir ce que tu veux”.
Moi je pense qu’il n’est jamais trop tard, pour devenir qui l’on veut... être.
A la condition seule de renoncer à être PREMIER. Ce qui n’empêchera pas forcément de le devenir.
Mais, de silencieusement, ...humblement et …. sereinement chercher à être heureux.